Uprooted

Je vous parlais dans un précédent billet de la fourberie des jolies couvertures, et bien je peux vous affirmer que ce roman en est le parfait exemple. Uprooted avait pourtant tout pour me plaire, de son résumé attrayant aux avis dithyrambiques sur Goodreads, en passant par son esthétique parfaite. The whole package. Mais au final, la magie n’a pas fonctionné avec moi.

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Agnieska vit au sein d’un village situé aux abords du « Bois », une forêt enchantée dont les maléfices ne manquent pas d’originalité et ne cessent de perturber la vie des contrées qui le bordent. Les villageois bénéficient de la protection d’un puissant sorcier, le Dragon. En échange, tous les dix ans, celui-ci contraint les villageois à lui livrer une jeune fille de 17 ans, qui part vivre avec lui dans sa tour, située à côté du village. Personne ne sait ce qui arrive aux jeunes filles lorsqu’elles sont à son service. Ce qui est certain, c’est qu’une fois qu’elles sortent de la tour, elles ne se réinstallent jamais au sein de leur village. Elle partent pour la ville où elles décident le plus souvent d’obtenir une éducation. Certains diront qu’il leur offre un avenir, mais personne ne sait en échange de quoi… Cette année, une nouvelle jeune fille sera choisie. Tous pensent que Kasia, l’amie la plus proche d’Agnieska sera celle que le Dragon emmènera, mais le lecteur se doute bien qu’il en sera tout autrement…

Il y a beaucoup d’éléments et de passages de ce roman que j’ai découverts et lus avec plaisir. Le mystère tournant autour du Dragon, la façon dont la magie est abordée (de prime abord) et les mystères qu’elle renferme notamment dans les différentes façons de la pratiquer, le rapport à la nature, elle-même intimement liée à la magie, ainsi que le style d’écriture de l’auteur qui dans un premier temps nous plonge dans l’atmosphère du conte de fée dans ce qu’il a de mystérieux et d’inquiétant, sont autant d’aspects de l’intrigue qui offraient au roman un immense potentiel.

Pourtant, Uprooted ne m’a pas du tout convaincue. Ce qui commençait comme une histoire captivante s’est transformé en un récit brouillon où chacune des parties semblaient artificiellement rattachées les unes aux autres. Chaque évènement mène à un autre, le rythme est effréné, mais plutôt que de nous emporter, c’est l’impression que tout se suit et s’enchaîne pour nous faire oublier le manque de profondeur de l’intrigue qui nous gagne. Certains passages deviennent longs, trop longs et on n’a qu’une envie c’est de balayer la page d’un regard en diagonale. Les personnages manquaient eux-aussi de consistance. On ne sait rien sur Agnieska à part qu’elle a toujours un air désordonné (et je veux bien dire, toujours, car l’auteur nous le rabâche au moins toutes les trois pages), un côté impulsif et capricieux qu’on ne comprend pas et qui ne colle pas à l’image que l’auteur tente vainement de nous imposer. Et puis surtout, comment, en développant de telles capacités si rapidement (là aussi, peu vraisemblable…), ne s’est-elle pas rendue compte plus tôt de sa vraie nature ? Le Dragon est quant à lui lunatique et presque constamment malpoli, mais personne ne sait pourquoi. On passe son temps à attendre d’en savoir davantage, sur les personnages, certes, mais aussi sur le monde dans lequel ils évoluent, sur la pratique de la magie, mais surtout sur la façon dont elle fonctionne. En l’occurence, on a tendance à voir apparaître des sorts qui fonctionnent (ou pas) selon ce qui arrange l’auteur à tel moment de l’intrigue. On n’y croit pas car on ne comprend pas, et on attend jusqu’à la fin qu’on nous l’explique. Les relations entre les personnages souffrent elle-aussi d’un manque cruel de profondeur. Il n’y a ni complicité ni alchimie, et la romance (totalement dispensable au passage) est assez mal amenée… C’est vraiment dommage. L’histoire et les personnages sont finalement noyés dans un flot d’actions franchement peu intéressantes.

La deuxième moitié du roman m’a totalement désintéressée. On s’éloigne de l’intrigue principale, et ce que l’écriture prend en rythme, cette dernière perd en intérêt. Personnellement, lire des dizaines de pages interminables décrivant des batailles franchement dispensables, très peu pour moi.  Ma lecture fut assez chaotique jusqu’aux deux derniers chapitres où j’ai retrouvé un soupçon de ce qui avait capté mon attention au début de ma lecture. J’ai bien aimé ce que l’auteur offre à son personnage en fin de récit, et je pense d’ailleurs qu’il aurait été plus intéressant de développer cet aspect-là.

En résumé, Uprooted est un roman qui a abandonné ses promesses en cours de route. Je partais extrêmement confiante, et ma déception n’en fut que plus grande. Même si je suis la première à reconnaître et à répéter que tout n’est pas à jeter, Uprooted n’en demeure pas moins un roman que je ne vous recommande pas. Si certains d’entre vous l’ont lu, je serais plus que ravie d’en discuter avec vous dans les commentaires !

-Emy

Uprooted, Naomi Novik, Macmillan, 438 p.